Point de ville en chute

Publié le par Aplapsie

Un tas d'immeubles biscornus rangés en quinconce sur un damier de ruelles sombres et pâles. Dans les appartements vides de sens propre, un tas d'objets pouvant ressentir les signes d'animosité avant même que la première échappée n'arrive.

 

Une vieille bouilloire décaféinée laissant s'échapper de son bec un tas de notes alarmistes sans que sa propriétaire ne s'en rende compte, et continue à balbutier au téléphone une vague de propos incongrus sous les sphères tropicales bretonnes lors des rassemblements du marché aux béquilles. Et au deuxième, l'interphone taciturne caquetant entre son câble afin d'éventuellement prévenir le réveil du matin que la propagation des mouches chlorhydriques sorties tout droit des bouches d'aération pas nettoyées, depuis juin, prodiguent ainsi les premiers symptômes des cataclysmes ambulants suivis par une flopée de rats sortant des éviers porteurs de grandes révélations cosmiques.

Sur les rebords des jardinières du troisième, une armée de blattes se mettent à danser insidieusement la ronde de la joie en petits sabots afin de faire comprendre à la spatule accrochée aux carrelages fissurés que le règne despotique a commencé. 

 

Au loin dans le ciel strié de noirs et de gris, un escalator vomissant des rames infatigables d’où sort un vieux tramway dégarni sur son toit. Dans le décharné tramway, un tas de sièges fatigués par les coups répétitifs des pantalons 100 % polyester. Quelques passagers adipeux et faméliques lisant les dernières nouvelles boursières sans daigner pointer leurs nez en dehors du journal qui laisse s'échapper de la première page un coulis d'encre noire allant se déverser le long des parois et sièges vides. Arrivée sur l'imposant terminus d’où rentrent et sortent un tas d'ombres difformes en masse compacte.

 

Bourrasque alambiquée dans la rue soulevant la nuée de réverbères fixés au sol par des parpaings fissurés qui se projettent dans tous les sens jusqu'à aller se planter dans l'énorme citerne de gaz propane qui éjecte une coulée de lave sulfurique. Première secousse palpitante sur la rue fracassée qui se met à se contorsionner de manière charismatique projetant de la même manière les voitures usagées se trouvant à proximité.

 

Décomposition, gaz, explosion le la citerne de gaz projetant la lave montante dans le ciel avant de tournoyer sur elle-même et éclater en fragments sur le tas d'immeubles se mettant à s'immoler. Carambolage sur voie de garage. Dégringolade des grues jetant partout tout un tas de tuyaux en métal qui explosent contre les façades décrépies des immeubles et éclatent d'un coup sec le tramway se démembrant d'une chute vertigineuse sous les gravas éclatants de songes oniriques.

 

Inexorable fin sous les amas des détritus se tortillant de douleurs sous les gravas des cendres incandescentes parsemées un peu partout et dernière voltige d'un tuyau projeter par la dernière brise allant empaler violamment le dernier stop de survie.

 

Plus au nord, une nouvelle explosion.

Publié dans Cheval dada

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D
Salut,<br /> Chaque fois je découvre tes nouveaux articles avec délectation, mais j'avoue qu'il me faut énormément de temps pour les décrypter.<br /> Pas simple à lire et à comprendre.<br /> Mais je m'y atèle. Bisous.<br /> Domi.
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